ROSA SETIPODA CBCH112

ROSA SETIPODA CBCH112

Le genre Rosa -les rosiers- forme un vaste genre qui comprendrait environ 200 espèces dans le monde. Taxonomiquement complexe, ce chiffre peut être très variable d’une publication à une autre. Si l’on considère le chiffre de 200, presque la moitié est présente dans la flore de Chine ! (95 espèces).

Et il n’est pas simple de s’y retrouver. Parmi tous ces rosiers, certains ont un intérêt non négligeable pour nos jardins. S’il est vrai que les rosiers botaniques ne sont pas remontants, ils ont une importance dans la décoration du jardin à l’automne par leurs fructifications généreuses et colorées.

 

Rosa setipoda est un rosier à fleurs roses. Mais accrochez-vous, ce qui suit n’est pas simple et démontre toute la difficulté d’identification des rosiers sauvages !

 

Lors d’une expédition en juin 2004 qui nous fit traverser les provinces chinoises du Gansu et du Sichuan, nous avons visité la région frontalière entre les deux provinces. La ville principale est Songpan. Elle sert de départ pour deux sites très touristiques que sont les terrasses calcaires de Huanglong et Jiuzhaigou. Deux magnifiques lieux à visiter malgré l’affût de touristes. Mais autour de Songpan, on trouve également de petits hameaux tibétains très calmes et pleins de charme, à l’image de Sanlian où nous séjournerons quelques jours. C’est dans cette région que nous collecterons quelques graines de l’année précédente sur un rosier qui n’était pas en fleurs.

Comme cela arrive (trop) souvent, une seule graine a germé. Le plant repiqué et élevé en conteneur a été mis en pleine terre il y a 4 ans où il a commencé à fleurir. Une seule fleur, ce n’était pas suffisant pour faire une détermination sérieuse. L’année suivante, j’ai eu assez de fleurs pour me pencher dessus et déterminer l’espèce.

 

Rosa setipoda n’est pas une espèce très rare. Elle a été décrite en 1906 par Hemsley & E.H. Wilson. Elle est assez proche de Rosa caudata et les deux espèces ont souvent été confondues dans la littérature. En fait, deux botanistes ont décrits des rosiers sous ce nom. Boulenger en 1936 (nom invalide) alors que Baker avait déjà décrit Rosa caudata en 1914 (espèce valide).

Boulenger a basé ses observations sur un spécimen cultivé à Kew Gardens (n°189). Baker s’est basé sur des plants cultivés dans le fameux jardin de roses de Ellen Willmott à Warley, issus du sud-ouest de la Chine et collectés lors de la 3° expédition de Wilson. Mais sa brève description ne s’accorde pas tout à fait avec les spécimens d’herbier existants et Boulenger en a probablement déduit que le type original n’avait pas été préservé. Il existe néanmoins des  spécimens d’herbier à Kew issus de Warley et datés de 1912 et annotés « Rosa caudata » par Baker.

Quand il a étudié Rosa caudata en février 1936, Boulenger s’est penché sur tous les spécimens de Kew  portant ce nom, au total six échantillons, incluant les trois de Warley dont le premier a été redéterminé comme étant Rosa setipoda. Le second échantillon ne porte pas de numéro de collecte de Wilson et Boulenger l’identifie comme étant Rosa hemsleyana. C’est le seul échantillon noté « n. sp. » (= nouvelle espèce). Cet échantillon est donc désigné comme étant le lectotype* de Rosa caudata, à l’époque synonyme de R.hemsleyana. Le troisième spécimen n’est pas mentionné par Boulenger, en tout cas pas sous le nom de R.caudata. C’est le numéro 204 de Wilson et, d’après une annotation de Rolfe, il s’agirait de R.banksiopsis (également une espèce du même groupe). En plus du numéro 306 de Wilson, Boulenger étudia également le numéro 4418, identifié sous le nom de R.webbiana ainsi qu’un échantillon mal préservé de Purdom (965) collecté dans le Shaanxi en Chine qu’il rapprocha de R.setipoda.

La question qui se pose alors est de savoir à quelle espèce correspond le Rosa caudata décrit par Boulenger. L’échantillon ayant servit à sa description n’a pas d’origine connue et correspondrait en fait à une forme non typique de Rosa setipoda (illustrée dans le Curtis’s Botanical Magazine en 1981). La planche botanique parue dans la même revue en 1914 sous le nom de Rosa setipoda correspondrait en réalité à R.caudata.

Pourtant, j’ai personnellement encore des doutes puisque, un des critères pour les différencier, est la forme des sépales : entiers chez R.caudata et découpés chez R.setipoda. Or, c’est tout à fait le contraire sur les planches du Curtis’s.....

Depuis, les choses ont évoluées et si Rosa caudata est toujours une espèce bien valide, Rosa hemsleyana est maintenant mis en synonymie de Rosa setipoda (et non plus de R.caudata).

 

Quoiqu’il en soit, et si nous pouvons encore avoir des doutes sur les anciennes planches botaniques, Rosa setipoda est un arbuste de 1.5 à 2.5 m de haut environ en culture, originaire des provinces du Sichuan et Hubei, où il pousse dans les fourrés et sur les pentes, entre 1800 et 2600 m. d’altitude.

 

C’est un rosier intéressant au jardin à plus d’un titre. Il reste de taille modeste par rapport à beaucoup d’autres et ses jeunes tiges portent de larges épines rouges très décoratives, un peu comme le Rosa sericea f.pteracantha. Au mois de mai, il se couvre d’une multitude de fleurs simples, rose clair, très décoratives sur ses rameaux arqués. En automne, il fait partie des espèces décoratives au moment de la fructification. Ses fruits allongés sont en effet orange avant de virer au rouge foncé. Ceci est particulièrement décoratif lorsque ceux-ci sont recouverts par les premières neiges de l’hiver.

 

Sa culture ne pose pas de difficultés et il s’accommodera d’une situation ensoleillée ou à ombre légère dans toute bonne terre de jardin ni trop sèche ni trop humide. Il ne craint pas les hivers rigoureux.

 

* : Le lectotype est le spécimen qui devient le type nomenclatural en absence d'holotype (le type original, explicitement désigné par l'auteur du nom dans la publication originale) lors de la publication d'origine.

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